Pour ou contre la fermeture d’un lycée dans l’Yonne ? Pour semble-t-il...

dimanche 24 mai 2015

Vous trouverez ci-dessous la lettre adressée par l’ancien maire de Migennes à ses "camarades" de la majorité au Conseil Régional de Bourgogne.
Les élus socialistes et leurs alliés auront-ils le courage de s’opposer à la décision de fermeture du lycée B.Pascal de Migennes après celle annoncée d’une classe à l’école M.Pagnol à la rentrée prochaine dans une ville classée pourtant Zep ? Ou au contraire, vont-ils valider un nouveau démantèlement du système éducatif dans l’Yonne comme sur tout le territoire ?
Bien sûr, Sud éducation 89 exige le maintien d’un lycée professionnel à Migennes ; sa fermeture obligerait les élèves du bassin migennois à s’exiler en Franche-Comté pour trouver des formations analogues...
Vote le 29 juin.

Le vote a eu lieu : les socialistes ont courageusement voté pour la fermeture...
À gauche, seuls les communistes ont voté contre... avec leurs collègues de droite.

François Meyroune Migennes, le 9 mai 2015
Conseiller municipal
ancien maire de Migennes

à MM. les conseillers régionaux de la majorité

Madame, Monsieur,
Cher-e camarade,

Vous êtes enfin appelé-e-s à vous prononcer sur la fermeture annoncée du lycée professionnel Blaise Pascal de Migennes lors de la session plénière du Conseil Régional, le 29 juin.
Il me semble que votre délibération aurait dû être sollicitée depuis bien longtemps et, en tous cas, avant que le Président et quelques conseillers régionaux ne viennent annoncer aux enseignants, personnels administratifs et techniques, lycéens, parents et élus locaux la fermeture de cet établissement.
C’est une question qui touche au fonctionnement démocratique d’une assemblée élue par les citoyens. C’est aussi une question de respect de ces mêmes citoyens.

Le 29 juin prochain, vous allez donc vous prononcer sur le maintien ou non de ce lycée qui compte dans l’histoire locale et territoriale du Migennois, mais aussi dans celle du département et de la région.
Le débat sur ce maintien en activité de l’établissement ne date pas d’hier.
Elu au conseil municipal depuis 1989, j’ai toujours "vécu" cette question. et, particulièrement, le combat que la municipalité de Migennes de l’époque a dû mener pour que le Conseil Régional accepte de financer et de conduire les travaux de réhabilitation.
Cette bataille a été gagnée, moyennant une contribution financière de l’intercommunalité, à l’époque le District Urbain du Migennois. Le Conseil Régional a conçu un projet de rénovation pour les bâtiments principaux mais aussi pour les ateliers techniques.
La réhabilitation des bâtiments principaux a été réalisée, de main de maître, dans le milieu des années 90. Le travail a été considéré par tous comme une réussite. Quel gâchis si le lycée venait à fermer !
En revanche, le projet de reconstruction des ateliers n’a jamais été mis en œuvre. Ce fut l’objet de nombreuses démarches du conseil d’administration, des différents maires de Migennes. Je me souviens avoir écrit à de nombreuses reprises au Président Patriat sur le sujet. Je suis même allé le voir au siège du Conseil Régional en 2011 pour rappeler l’ impérieuse nécessité de la reconstruction des ateliers techniques et pour poser le problème du devenir du lycée avec un développement de l’offre de formation et donc de filières nouvelles à créer
Pour avoir participé assidûment aux réunions du conseil d’administration du lycée en tant que maire entre 2008 et 2014, mais également, avant 2001, en tant qu’adjoint, je puis témoigner qu’à chaque réunion de cette instance, la question du devenir du lycée était posée en direction du Conseil Régional quand son (sa) représentant(e) était présent(e), mais aussi du Rectorat.
Jamais nous n’avons reçu de réponses franches à nos questions, ni même sur une éventuelle fermeture.
Au fil des ans, les sections disparaissaient et forcément les effectifs diminuaient.

Il est faux de prétendre que ce lycée n’est pas attractif. Si les effectifs ont baissé, c’est tout simplement, parce qu’on a supprimé des filières et qu’on n’en a pas créé de nouvelles.
Il aura fallu attendre la fin de l’année 2014 pour que la décision de la fermeture parvienne aux oreilles des élus et de la population. Elle fut confirmée le 26 janvier dernier, lors de la visite du Président et du Recteur, venus au lycée accompagnés de la brigade de gendarmerie.
Et pourtant, ce lycée est très apprécié par les élèves et leurs parents parce que, justement, il est de petite taille et qu’il permet une pédagogie et un suivi des élèves plus efficaces, parce que les locaux sont spacieux et agréables. Les élèves aiment dire qu’ils sont "en famille" dans cet établissement.
Rien à voir avec l’anonymat qui règne dans les lycée de 1000 ou 2000 élèves.
Il est un atout important pour le développement du territoire migennois et son attractivité. De nombreux chefs d’entreprise des environs peuvent témoigner de leur attachement à cet établissement.

Migennes souffre de la crise, mais pourtant son tissu industriel résiste tant bien que mal. Dans ce contexte s’exprime le besoin d’une main d’œuvre qualifiée et de formations nouvelles adaptées aux besoins des entreprises. Le lycée pourrait répondre avec la création de nouvelles formations.
En même temps, dire que la microtechnique est dépassée est une contrevérité. Elle se développe dans d’autres secteurs de notre région. La demande de micro-techniciens existe, y compris dans le département de l’Yonne.
Récemment, le maire d’Auxerre, président de la Communauté d’Agglomération de l’Auxerrois, expliquait, dans l’Yonne Républicaine du 24 avril dernier, que la mécatronique était considérée comme un secteur d’activités porteur pour le développement de l’Auxerrois et de sa communauté.
On sait que mécatronique et microtechnique sont intimement liées.
Le Migennois appartient désormais au Grand Auxerrois et travaille avec Auxerre et les autres collectivités pour élaborer un SCOT.
Si la mécatronique devenait un élément fort de la stratégie de développement de l’économie du grand Auxerrois, on peut imaginer que le lycée de Migennes, avec son expérience, ses enseignants, pourrait apporter sa contribution en matière de formation dans ce domaine, y compris en développant la filière microtechnique de Migennes avec une section de préparation à un BTS.
Il n’est pas souhaitable de tout concentrer dans les mêmes secteurs géographiques d’une région. Le Nord de la Bourgogne doit aussi être en mesure de contribuer au développement économique de la nouvelle région Bourgogne-Franche-Comté, tout en coopérant avec les autres établissements qui dispensent une formation similaire.

Migennes est aussi dans un secteur d’éducation prioritaire. Elle vient à nouveau d’être confirmée dans les territoires de la géographie prioritaire de la politique de la ville. Fermer un lycée professionnel dans ce contexte, alors même que le Président de la République vient de réaffirmer la nécessité de revaloriser l’enseignement et les lycées professionnels, serait un non-sens.

Certains avancent la thèse du coût de la reconstruction des ateliers techniques. Je rappelle simplement que la reconstruction de ceux-ci était prévue bien avant l’incendie de mai 2014, que 2,650 millions d’euros avaient été inscrits au budget régional jusqu’à ces dernières années pour cette reconstruction, mais retirés par la suite.
Il faut savoir également que les professeurs et la direction du lycée ont un plan provisoire qui pourrait sauvegarder l’enseignement microtechnique dans le bâtiment principal, moyennant quelques aménagements et un investissement modéré quant à l’acquisition des machines. Ce projet permettrait d’attendre la reconstruction.

Pour être depuis bien des années élu local, je comprends les arguments budgétaires. Nous savons toutes et tous que les budgets des collectivités locaux sont contraints par la politique d’austérité et de réduction des dépenses publiques du gouvernement, par le recul drastique des dotations d’Etat. Nous savons aussi que le fonctionnement d’un lycée coûte cher.
Mais il n’est pas possible de nous retrancher derrière cet argument pour fermer un établissement scolaire de cette importance. D’autres choix sont à faire.

Je lisais récemment dans la presse départementale qu’un accord de financement de 200 millions d’euros avait été signé entre la Bourgogne et la Franche-Comté et la Banque Européenne d’Investissement permettant de financer la modernisation de lycées et de centres de formation. 46 lycées sont concernés pour la Bourgogne, selon l’Yonne Républicaine du 26 décembre. Le lycée de Migennes n’apparaît pas dans les documents mis en ligne, en particulier dans le programme d’investissement bourguignon pour les lycées et centres de formation. N’y a-t-il pas là une source de financement à creuser ? Ce n’est qu’un exemple.

J’ajoute qu’une telle décision de fermeture, si elle était confirmée, serait indigne d’une politique de gauche. On ne peut prendre de telles décisions et dire que l’on fait de la jeunesse une priorité.

Je tenais à m’adresser aux élus de la majorité du Conseil Régional en leur rappelant qu’en 2010, lors de la campagne des élections régionales, si j’ai soutenu, au 1er tour, la liste de l’Autre Gauche en Bourgogne, j’ai appelé au second à voter pour la liste conduite par F.Patriat. Le résultat à Migennes a été particulièrement bon.

J’espère que vous entendrez cet appel qui, sans aucun doute, correspond à ce que ressentent les électeurs de gauche, mais aussi la population du Migennois dans son ensemble. J’espère que vous voterez contre la fermeture du lycée Blaise Pascal de Migennes.

Je vous remercie de votre attention et vous adresse, Madame, Monsieur, Cher-e camarade, l’expression de mes sentiments les plus respectueux.


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