Médecine scolaire, chronique d’une mort annoncée.

dimanche 8 janvier 2017

Née de l’après-guerre, comme outils de santé publique auprès des enfants, la médecine scolaire se meurt.

Les missions remplies par les médecins et infirmiers scolaires sont une spécificité française. Rattaché à l’EN, ce personnel est spécialisé dans le dépistage (visite médicale obligatoire des 6 et 12 ans), la prévention et la promotion de la santé, l’intégration des enfants handicapés ou souffrant de maladies chroniques, et le suivi des élèves de lycée pro travaillant dans des activités à risque. Certains sont conseillers techniques et offrent leur expertise en matière de prévention santé auprès de l’administration et des établissements.

Pour illustrer leur importance, sachez que lors de la visite médicale des 6 ans, les médecins scolaires détectent des problèmes de vision, d’audition ou de vaccination chez 50% des élèves. Or, si en 2003, 88% des élèves passaient cette visite, nous sommes sous les 50% aujourd’hui, avec des disparités énormes selon les régions. De plus, il n’est pas inutile de rappeler que depuis la loi de 2005 sur le handicap, la charge de travail pour la santé scolaire s’est considérablement accrue.

On estime que pour assurer correctement les missions de la santé scolaire, il faut 1 médecin pour 5000 élèves (1 pour 3000 en REP). Nous avons en moyenne à 1 médecin pour 12 000 élèves en France. L’Yonne est une nouvelle fois à l’avant-garde des mauvaises nouvelles : nous avons 3 médecins pour 55 000 élèves, 3 médecins susceptibles de partir en retraite en juillet !!!

Comment en est-on arrivé là ? D’abord, la médecine scolaire subit une forte pression démographique : les trois quarts du personnel ont dépassé les 55 ans et s’approchent donc de la retraite. Côté recrutement, c’est l’abandon. A l’échelle nationale, on recrutait 99 médecins scolaires en 1990 contre 3 en 2010... Ce chiffre est en constante régression depuis l’intégration de la santé scolaire au sein de l’Éducation Nationale en 1991.

Pourquoi une telle désaffection ? Parce qu’aucun jeune médecin sain d’esprit n’irait travailler pour 2100€ par mois, soit le salaire d’un interne, soit 2 à 3 fois moins qu’un généraliste en libéral. Ce salaire est le plus bas parmi les médecins de la fonction publique.

En 2011, un rapport remis à l’Assemblée nationale sur la médecine scolaire s’inquiète de l’accroissement des missions, du manque d’attractivité de la fonction, de l’inexistence d’un pilotage de la médecine scolaire et d’une absence d’évaluation. Pour Didier Migaud, président de la Cour des comptes qui présenta ce rapport, «  ne rien faire, ce serait programmer l’asphyxie et la mort lente d’un dispositif que pourtant – une fois n’est pas coutume – les pays scandinaves eux-mêmes nous envient  ».

En 2015, le gouvernement commande une nouvelle évaluation des politiques de santé à l’école dans le cadre de la modernisation de l’action publique. La publication de ce nouveau rapport est différée de mois en mois depuis février 2016 tant il semble déranger l’administration.
La hasard a voulu que le Canard enchaîné publie un article tout aussi déprimant sur la médecine scolaire le 18 janvier :

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SUD éducation soutient la médecine scolaire et exige la publication immédiate de l’évaluation 2015 sur la médecine scolaire et la mise en place de ses préconisations, en particulier pour :
- une politique salariale digne ainsi que des conditions d’exercices décentes,
- une redéfinition des missions de la santé scolaire, associée à un pilotage efficient des objectifs.

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