Enquête PISA 2016

jeudi 8 décembre 2016

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Après 5 ans de priorité à l’éducation... pas brillants les résultats de la France !
Ci-dessus l’article du canard enchaîné sur l’enquête PISA, ci-dessous, celui du Monde.

Enquête PISA : les élèves français dans la moyenne

L’édition 2015 de cette enquête, publiée par l’OCDE et qui porte sur 72 pays, révèle de nouveau un système éducatif profondément inégalitaire.

LE MONDE | 06.12.2016 à 10h59 • Mis à jour le 07.12.2016 à 09h48 | Par Mattea Battaglia et Aurélie Collas

Les enquêtes sur l’école passent, et le diagnostic ne varie pas : notre système éducatif est profondément inégalitaire. S’il sait produire une élite, il se révèle incapable de résorber son « noyau dur » d’élèves en échec scolaire, qui sont principalement issus de milieux défavorisés. Une fois de plus, l’enquête PISA (Programme international pour le suivi des acquis) à propos des élèves à 15 ans, réalisée en 2015 et rendue publique par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), mardi 6 décembre, fait de la France l’un des pays où le déterminisme social est le plus fort. Et ce, en dépit des alternances politiques et des réformes successive.

Lire aussi : Etude PISA, une « pièce à conviction » pour pointer les forces et faiblesses des systèmes scolaires

Cette tendance est mise en avant depuis bientôt dix ans. La sixième mouture de l’enquête internationale, qui met l’accent cette fois sur les compétences des adolescents en sciences, a donc comme un air de déjà-vu. Avec un score de 495 points, la France se situe dans la moyenne des pays de l’OCDE (493 points) – au même niveau que l’Autriche, la Suède ou les Etats-Unis. Mais reste bien en deçà de Singapour, du Japon, de l’Estonie, de la Finlande et du Canada qui, avec leur score supérieur à 530, briguent les premières places du palmarès. Bien au-dessus, en revanche, de la Turquie (425) ou du Mexique (416) qui ferment la marche.

Le score moyen français cache toutefois de très fortes disparités : 118 points séparent le résultat de l’enfant « bien né » de celui d’origine très modeste. Le premier a obtenu en moyenne 558 points aux tests ; le second seulement 441 points. C’est l’un des écarts les plus forts parmi les 72 pays ou économies qui ont participé à l’enquête. L’OCDE le dit autrement : « Le milieu socio-économique explique en France plus de 20 % de la performance obtenue par les élèves de 15 ans, contre seulement 13 % pour la moyenne des pays de l’OCDE. »

Une tendance internationale à la baisse

Il n’y a pas, en France, la « dégringolade » que certains pronostiquaient : notre pays conserve le niveau qu’il a atteint en sciences depuis 2006. Mais il est presque un cas à part parmi les pays de l’OCDE, dont beaucoup ont vu leurs résultats se détériorer. Pour ce qui est des causes, l’organisation internationale ne s’épanche guère, se bornant à formuler, selon les mots de Gabriela Ramos, directrice du cabinet de l’OCDE, « l’hypothèse d’un développement très important des sciences et des technologies au cours des dix dernières années, auquel les systèmes éducatifs ne se sont pas suffisamment adaptés ».

Lire aussi : L’enquête PISA sur le niveau scolaire des élèves suscite des débats dans le monde entier

En France, un noyau dur d’élèves en difficulté

Autre enseignement qui frappe à la lecture de l’enquête, la France n’a toujours pas eu son « choc PISA », contrairement à l’Allemagne, la Pologne ou le Portugal qui ont su, d’un PISA à l’autre, résorber une partie de leurs difficultés. Certes, notre pays a son lot d’élèves « très performants » : ils représentent environ 8 % de la classe d’âge. Eux ont le bagage suffisant pour appliquer « de manière créative et autonome » leurs connaissances et compétences scientifiques « dans un large éventail de situations, y compris des situations qui ne leur sont pas familières », souligne l’OCDE. A ces derniers, il faut ajouter le groupe des « performants », qui représente 21 % des élèves. C’est un peu plus que la moyenne de l’OCDE, qui s’établit à 19 %.

On aimerait bien s’en féliciter, sauf que, dans le même temps, l’école française bute sur 22 % d’élèves en difficulté. Leur niveau à eux, en sciences toujours, est en deçà du « seuil de compétences que tous les élèves devraient atteindre à la fin de leur scolarité obligatoire ». C’est légèrement plus qu’en 2006 (21 %). Légèrement plus, aussi, que la moyenne de l’OCDE (21 % également). « En France, le système scolaire reste dichotomique », comme le résume Gabriela Ramos.

Un fort déterminisme

PISA 2015 vient aussi rappeler qu’en France, les destinées scolaires se figent au berceau. C’est là ce qui caractérise l’Hexagone lorsqu’on le compare aux autres pays de la zone OCDE. Près de 40 % des élèves issus d’un milieu défavorisé sont en difficulté, selon l’évaluation. Et seulement 2 % d’entre eux peuvent prétendre au titre de premier de la classe. A l’inverse, seuls 5 % des élèves d’un milieu favorisé sont classés parmi les plus faibles.

Le système français est encore plus discriminant pour les jeunes issus de l’immigration. Leur score est inférieur de 62 points à celui des autres élèves (contre 43 points en moyenne OCDE). Après « contrôle du milieu socio-économique » des élèves, cet écart se réduit à 32 points, précise l’OCDE. C’est encore l’équivalent d’une année scolaire…

Moins de plaisir, moins de confiance

Les élèves français aiment en majorité les sciences, mais moins qu’avant. Il y a dix ans, ils en appréciaient l’apprentissage « dans une bien plus large mesure que la moyenne des élèves des pays de l’OCDE ». Cela n’est plus le cas. « Ce constat marque un changement d’attitude », soulignent les statisticiens de l’OCDE. C’est surtout chez les filles que l’appétence est plus faible. Par exemple, « 65 % d’entre elles disent s’amuser lorsqu’elles apprennent les sciences, contre 72 % des garçons », chiffre Eric Charbonnier, expert éducation à l’OCDE. Seules 38,6 % des filles disent avoir des lectures scientifiques ; c’est moins que les garçons (51,3 %). Elles sont aussi moins nombreuses à avoir confiance en elles dans cette matière.

Dès lors, sans grande surprise, elles sont aussi moins nombreuses à se rêver ingénieure, chercheure, informaticienne… 18,7 % d’entre elles, en moyenne, envisagent d’exercer une profession scientifique, contre 23,6 % chez les garçons.

Deux autres champs d’investigation

A côté des sciences, PISA apporte également un éclairage sur les mathématiques et la compréhension de l’écrit. Les déclinistes de tout poil n’y trouveront pas de quoi nourrir leur refrain : après une forte baisse des performances en mathématiques entre 2003 et 2012, la situation est restée stable depuis. La France, en la matière, se situe juste au niveau de la moyenne des pays de l’OCDE (avec un score de 493). Malgré cela, la tendance à l’œuvre reste la même que pour les sciences, avec davantage d’élèves en difficulté (de 22 % en 2012 à 24 % en 2015). Enfin, dernier domaine d’investigation, le score des élèves français en compréhension de l’écrit a gagné trois points, passant de 496 à 499 entre 2009 et 2015. Une timide bonne nouvelle.
En chiffres

540 000 participants dans le monde
Représentatifs des quelque 29 millions d’élèves âgés de 15 ans scolarisés dans 72 pays et économies, les adolescents se sont prêtés au jeu en 2015. L’échantillon en France représente environ 6 000 élèves.

2 heures d’épreuves
Les jeunes ont répondu avec des questions à choix multiples et des «  items  » demandant à chacun de formuler ses réponses. Ils ont aussi dû répondre à un questionnaire sur eux-mêmes, leur milieu familial, leur établissement, leurs expériences d’apprentissage…


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