L’Inspection : un rapport de soumission.

lundi 24 octobre 2016

Tous les 3-4 ans pour le primaire ou 5-6 ans parfois pour le secondaire, nous devons subir l’inspection. Il s’agit bien de « subir » car rares sont les collègues qui l’attendent avec impatience et légèreté. Le seul facteur qui pourrait donner envie d’être inspecté, c’est de voir sa note augmenter pour changer plus rapidement d’échelon. Mais si vous rencontrez un collègue pressé d’être inspecté parce qu’il attend avec impatience les conseils pédagogiques et didactiques de ses supérieurs pour améliorer sa pratique, conseillez-lui de se mettre en arrêt car la maladie mentale le guette. En effet, s’il est possible d’avoir des inspecteurs respectueux des enseignants, délivrant des conseils applicables en classe, ce moment restera pour autant un moment de stress, de rapport de pouvoir et donc de soumission. Il ne sera jamais question d’un moment d’échange d’égal à égal.

Nombre d’entre nous se plient donc à cette mascarade. On s’efforce de présenter de belles fiches de préparation, des belles progressions, un beau cahier journal, bref des documents qui ne nous sont pas nécessairement utiles dans notre pratique et qui surtout ne sont pas obligatoires. Comment des inspecteurs du premier degré peuvent-ils encore exiger un cahier journal qui n’est plus obligatoire depuis Jules Ferry ? Les seuls documents devant être présentés à l’inspecteur sont le registre d’appel et l’emploi du temps de la classe qui doit être affiché au mur (donc s’il est accroché au mur derrière une armoire, vous respecterez quand même les textes...).

Certains collègues, n’ayant pas bien compris qui est le patron, ont parfois l’outrecuidance de contester le rapport d’inspection1, trouvant injustifiées les observations faites par l’inspecteur. Dans un monde d’adultes, de gens qui se respectent et qui ont la volonté de parfaire le système pour le bien des élèves, on pourrait s’attendre à ce que s’engage un dialogue, un débat. Que nenni, il n’en sera rien. La hiérarchie préférera convoquer le collègue à l’inspection, l’humilier pour bien lui faire comprendre qu’il n’a qu’une chose à faire : se soumettre et se taire ! Pour vérifier si l’enseignant se plie bien aux « conseils » donnés, certains inspecteurs prennent trop souvent la liberté de consulter les précédents rapports d’inspection et vérifient si vous avez appliqué ce qui était demandé.2
Autre preuve qu’il s’agit bien d’un rapport de soumission, c’est cette stupide note qui met en place une véritable inégalité de traitement entre les enseignants. Tu dis amen à la messe, tu seras récompensé de 1,5 points. Tu ne te plies pas aux injonctions, tu ne récolteras que 0,25 points. Sur une carrière, cette différence peut se chiffrer en plusieurs milliers d’euros.

Si la hiérarchie veut vraiment que l’on interroge notre pratique, que l’on adopte une pédagogie visant la réussite de tous, qu’elle propose alors de véritables formations, et non le « magistère » ou les messes institutionnelles que sont souvent les conférences pédagogiques du mercredi pour le primaire ou qu’ont été les stages de formation pour la réforme du collège. Ces temps d’inspection infantilisant n’ont en fait qu’un objectif : vérifier que nous sommes de bons fonctionnaires aux ordres !


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