RYTHME SCOLAIRE : UNE VRAIE FAUSSE RÉFORME PÉDAGOGIQUE ?

Analyse du rapport de l’IGEN sur la réforme des rythmes scolaires
lundi 27 juin 2016

Un an pour publier ce rapport
Il est ici
Un an après sa remise en juin 2015, le ministère s’est enfin
décidé à rendre public, le rapport de l’IGEN (inspection
générale de l’éducation nationale) sur « l’efficacité
pédagogique de la réforme des rythmes scolaires ».
Un an pour publier un rapport sur une réforme dont le
ministère ne cesse de vanter les innombrables mérites et
bienfaits dans un total déni des réalités du terrain, c’est un
peu long.

Impact nul de la réforme sur les apprentissages
Et pour cause. Si ce rapport est resté si longtemps dans un
tiroir c’est que ses conclusions sont assez éloignées de
l’enthousiasme du ministère pour sa réforme des rythmes
scolaires. Réforme qui aurait été avant tout initiée comme
étant une réforme pédagogique pour mieux apprendre
mais pour laquelle le rapport conclut qu’elle n’a justement
aucun impact sur la réussite des élèves.
Des domaines d’apprentissages déséquilibrés.

Au contraire, elle a engendré des déséquilibres dans la
répartition des domaines d’apprentissages en allongeant
certains domaines d’apprentissage dit fondamentaux
comme les mathématiques et le français, en les
concentrant sur les matinées, au détriment des arts visuels
et musicaux, des sciences et de l’EPS.

En effet ces domaines d’apprentissages souffrent d’une
forme d’externalisation concurrentielle liée au fait que des
activités relevant de ces domaines sont souvent proposées
dans les temps périscolaires.
Mise en concurrence
des temps scolaires et périscolaires
Cette priorisation dans les domaines d’apprentissages et
cette mise en concurrence entre les temps scolaire et
périscolaire sont des conséquences que nous avions
dénoncées dès le début de la mise en place de la réforme.
Cela s’inscrit dans la logique du socle commun et le
renforce.

Une plus grande fatigue et moins de concentration
Le rapport indique également qu’à cause des après-midis
plus courts, les temps de récréation ont nettement diminué
sur la totalité de la journée. Cela ne favorise pas la
concentration des élèves voire la réduit significativement
quand les TAP (temps d’activités périscolaires) sont calés
sur les pauses méridiennes.

Le rapport relaie aussi comme suffisamment significative la
récurrence des remarques des enseignant-e-s sur la
fatigue accrue des élèves et indique que les journées des
élèves sont alourdies, aussi longues qu’auparavant. Cela a
un impact particulièrement négatif pour les élèves de
maternelle dont il conviendrait de prendre en compte les
rythmes spécifiques d’apprentissages liés à leur jeune âge.
Donc les élèves ont prétendument plus de temps pour
apprendre mais en fait ils et elles en ont moins car ils et
elles sont plus fatigué-e-s et moins concentré-e-s !

Des disparités territoriales importantes
Le rapport pointe également les problématiques liées à la
disparité des diverses dispositions dérogatoires de la
réforme qui déséquilibrent davantage les rythmes
d’apprentissage et la répartition des domaines
d’apprentissages sur l’ensemble de la semaine.
Pourtant le MEN (ministère de l’éducation nationale) vient
justement d’entériner définitivement dans la loi ces
dispositions dérogatoires du décret Hamon sur les rythmes
scolaires, avec lequel il avait tenté (en vain) de déminer la
réforme des rythmes scolaires initiée par le décret Peillon
sans même présenter un bilan de ces expérimentations. A
la lecture du rapport, on comprend mieux pourquoi, il ne
s’est pas embarrassé pour si peu.

Une réforme qui a profité au périscolaire
Finalement l’un des seuls points positifs que le rapport
relève c’est que la réforme des rythmes scolaires aura
profité à la mise en place de TAP puisque c’est leur
organisation qui a primé. Ce qui pose des problèmes de
locaux et d’équipements et a engendré un redéploiement
des moyens (quand ils existent) initialement dédiés au
temps scolaire vers le périscolaire.
Le rapport oublie toutefois de souligner (mais ça n’en est
pas le sujet) que la mise en place des TAP est très variable
d’une commune à l’autre et qu’elle renforce de fait les
inégalités territoriales.
Pour une réforme des rythmes scolaires avant tout
pédagogique, on repassera donc.

D’autres études sur les rythmes ont été engagées.
Gageons que le MEN saura leur réserver le même sort que
celui sur l’efficacité pédagogique des rythmes en les
enterrant d’ici l’élection présidentielle de 2017.
Mais faut-il vraiment attendre la publication d’un
rapport pour confirmer ce que nous ne cessons de
dénoncer depuis 2013 ?

Cette réforme est un échec et son bilan est catastrophique
tant pour les enseignant-e-s que pour les élèves. Ses
conséquences sont sans appel : des emplois du temps
absurdes, une amplitude horaire augmentée, la confusion
entre périscolaire et scolaire, des municipalités intrusives
par le biais des PEDT (projet éducatif territorial), une
fatigue accrue pour les élèves et les personnels, et une
accentuation des inégalités territoriales.

Territorialiser l’école
La conséquence essentielle de cette réforme est la
territorialisation de l’école. Elle désengage l’état et charge
les communes d’attributions supplémentaires, ce qui
aggrave les inégalités et soumet le fonctionnement et
l’organisation des écoles aux impératifs politiques locaux
en empiétant notamment sur les choix pédagogiques des
enseignant-e-s.
Pour SUD Éducation, l’abrogation de la réforme
des rythmes reste donc toujours d’actualité.
Réformer les rythmes scolaires nécessite une réflexion plus large sur l’école avec :
‣La réduction les effectifs par classe.
‣Des programmes dont les contenus laissent du temps à la manipulation, l’expérimentation, la
recherche…
‣La possibilité d’un réel travail en équipe et la mise en place de pédagogies coopératives.
‣La différenciation entre le temps de travail des PE (professeur-e-s des écoles) devant élèves et le
temps d’enseignement pour les élèves (18 h devant élèves + 6 h de concertation, travail en équipe...)
sans porter atteinte au principe de polyvalence qui permet une vision globale du fait éducatif.
‣Plus de PE que de classes, plusieurs PE par groupe élèves, renforcement du travail en équipe,
regards croisés sur les élèves et les pratiques…
‣La différenciation de l’organisation du temps et des activités scolaires selon l’âge des enfants.
‣Une formation à la hauteur des attentes des personnels.
Autant de revendications qui vont dans le sens de
notre projet d’une autre école dans une autre société,
égalitaire et autogestionnaire


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