Je suis enseignante dans l’Yonne depuis 2012 et j’habite dans un village au nord de Dijon. On a beau savoir que quand on arrive dans l’Yonne, c’est pour y rester quelques années, le vivre au quotidien est très pénible et insupportable.

Les deux premières années, être séparée de mon conjoint a été très dur autant pour moi et pour lui. On n’avait jamais été séparés auparavant. Je partais principalement la semaine du lundi matin au vendredi soir. Faire la route le lundi matin est compliqué, il faut se lever tôt, les deux heures de route fatiguent énormément , on commence la semaine fatiguée.. mais quitter mon conjoint dès le dimanche soir m’était impossible : une soirée, une nuit en moins auprès des siens contre une nuit en plus seule dans une chambre d’hôtes, un gîte...

Puis l’envie d’avoir un bébé était de plus en plus forte mais c’est un choix compliqué : Comment construire une vie de famille en travaillant à 2 heures de chez soi ? Mais faut-il attendre d’avoir sa mutation ? Sachant que l’on a aucun délai et voyant des collègues " prisonniers" depuis 7, 8, 9 ans. Et bien non, malgré tout on voulait créer notre famille.
L’année dernière je suis donc tombée enceinte et j’ai dû m’arrêter au bout de trois mois de grossesse, j’étais vraiment trop fatiguée à cause de la route.
Je n’ai pas pu faire la rentrée pour les mêmes raisons.

Puis j’ai décidé de prendre un congé parental jusqu’à la rentrée prochaine, chose que je n’aurais pas faite en travaillant à côté de chez moi notamment à cause du côté financier.
Mais il était hors de question de ne voir ma fille qu’une heure tous les soirs, j’ai besoin de voir ma fille grandir, ma fille a besoin de sa maman et mon conjoint a également besoin de moi.

Cette année, j’ai pu souffler et ne pas penser aux heures de route et /ou des nuits passés loin de ma famille mais rien que de penser à la rentrée de septembre, le stresse, la peur m’envahissent !

Je redoute vraiment la rentrée prochaine si je dois la passer dans l’Yonne !!

Sud éducation 89 : des collègues qui font des sacrifices financiers en prenant des congés parentaux pour être auprès des leurs, voilà à quoi aboutissent certaines décisions administratives sourdes à la détresse des personnels. Cela fait exploser aussi les absences d’enseignants et rend donc contre-productives les décisions citées précédemment...